La révolution numérique – Partie 1: principes fondamentaux et développements technologiques

25.01.2019 // Sacha Briggen

Révolution numérique – cette combinaison de mots glace le sang de l’un ou l’autre entrepreneur fiduciaire expérimenté. En effet, des études pertinentes prédisent l’élimination d’une grande partie des emplois commerciaux et administratifs. Selon une étude de la célèbre université d’Oxford, même la profession de comptable devrait fort probablement être complètement automatisée dans les prochaines années.

Afin d’apporter de la  clarté à ce scénario plutôt pessimiste, nous essaierons de répondre, dans cette série en trois parties, à la question de savoir si l’accélération perçue du développement technologique est réellement mesurable et comment les fiduciaires ou les PME peuvent se préparer de manière optimale à la numérisation. Dans la première partie, nous commencerons par les technologies de base qui ont conduit à ce que nous appelons aujourd’hui familièrement la « révolution numérique ».

Qu’est-ce que les grains de riz ont à voir avec la révolution numérique ?

Afin de comprendre pourquoi le fait que  la digitalisation aille toujours plus vite n’est pas qu’une impression, nous allons utiliser la loi de Moore pour nous fournir une explication. Dans les années 70, déjà,  Moore  a constaté que la complexité des circuits intégrés doublait tous les 12-24 mois [i]. Afin de comprendre pourquoi le fait que  la digitalisation aille toujours plus vite n’est pas qu’une impression, nous allons utiliser la loi de Moore pour nous fournir une explication. Dans les années 70, déjà,  Moore  a constaté que la complexité des circuits intégrés doublait tous les 12-24 mois.  Cette période a été  ajustée plusieurs fois et la fin de cette évolution a été prédite à plusieurs reprises. Toutefois, le fait est qu’à ce jour encore, une fin imminente n’est pas à prévoir et cela s’applique aux capacités informatiques en général. Cette théorie est une simple fonction mathématique exponentielle. Comme vous le savez, le cerveau humain a du mal avec cela [ii]. Vous vous souvenez probablement de l’histoire dans laquelle un vœu a été octroyé à l’inventeur présumé des échecs. Il souhaita qu’un grain de riz soit déposé sur la première case de l’échiquier, deux sur la deuxième, 4 sur la quatrième  et ainsi de suite. Sur chaque case, devait être placé le double de la quantité de la case précédente. Le même principe que dans la loi de Moore. Le vœu lui fut exaucé parce qu’intuitivement personne ne comprit que rien que sur la dernière case, croyez-le ou non, 9’223’372’072’036’836’854’775’808 grains de riz devraient être déposés. Cette histoire nous apprend qu’un développement exponentiel est relativement inoffensif au début mais à partir d’un certain point – dans l’exemple de l’échiquier, environ à la moitié – un doublement supplémentaire entraîne une augmentation toujours plus importante. Et c’est exactement là que se trouvent nos capacités informatiques. Entre-temps, une trentaine de doublements de capacité ont été réalisés et la fin n’est pas près d’arriver. Au contraire,  il y en a de plus en plus pour de moins en moins d’argent et ce, de plus en plus vite.

Explosion des Capacités de stockage

Les capacités des réseaux sont maintenant suffisamment élevées pour transmettre même de très grandes quantités de données en peu de temps. Le 6 août 1991, le premier site Web a été lancé au CERN, le Centre Européen pour la Recherche Nucléaire, à Genève. Cela a été rendu possible par Sir Timothy John Berners-Lee, un physicien et informaticien britannique. Il est l’inventeur du langage de programmation HTML et le fondateur du Word Wide Web, qui, à l’époque, était encore dénigré de façon quelque peu désobligeante en tant que « world wide wait ». Mais beaucoup de choses se sont passées depuis. Aujourd’hui, il va de soi de regarder des films en haute résolution sur Internet. Le volume mondial de données double tous les un à deux ans, c’est-à-dire que nous produisons dans ce laps de temps autant de données que dans toute l’histoire de l’humanité réunie et suivons donc de ce fait la loi de Moore. Cela est devenu possible parce que les capacités de stockage ont explosée, sont devenues drastiquement moins chère et grâce à la miniaturisation et aux puissants réseaux, nous pouvons produire des données partout et à tout moment.

Reduce to the max – lorsque 4000 transistors tiennent sur un cheveu humain

Un autre développement technologique qui a une influence indéniable sur la numérisation croissante du monde d’aujourd’hui est la miniaturisation continue des structures tout en maintenant leurs fonctions. Cela  fait que de puissants ordinateurs puissent être intégrés dans des appareils de plus en plus petits qui peuvent être emportés partout. Il est difficile d’évaluer l’ampleur du développement de ces dernières années mais l’exemple suivant en est une bonne illustration : Le premier transistor construit par Bell Laboratories en 1947 pouvait encore être assemblé à la main. Aujourd’hui, plus de 4000 transistors peuvent tenir sur un cheveu humain. De ce fait, ils sont environ quatre fois plus petits que le virus de la grippe. Si vous vouliez voir des transistors à l’œil nu, il faudrait que la puce qui les contient soit plus grande qu’une maison.

Découplage par la virtualisation

Les technologies de virtualisation d’aujourd’hui ont rendu possible ce que nous appelons communément le « cloud computing ». La virtualisation découple le hardware, les systèmes d’exploitation, les données et les applications de l’infrastructure informatique. Une machine virtuelle est un logiciel qui fait fonctionner un système d’exploitation et des applications comme un ordinateur physique. Cela permet d’utiliser différents systèmes sur le même hardware et de les offrir à un utilisateur sans qu’il ait besoin d’avoir plusieurs appareils. Grâce à une puissante infrastructure informatique et aux économies d’échelle qui en résultent, des avantages considérables en termes de coûts peuvent être réalisés. De plus, un nouveau niveau de flexibilité peut être atteint car les capacités informatiques peuvent être adaptées à tout moment à l’évolution des besoins. Ces technologies ont permis à des entreprises nouvellement créées ou voulant développer rapidement de nouveaux secteurs d’activité de venir concurrencer les acteurs existants.

Ne tombez pas du nuage : Public vs Private Cloud

Il existe deux types de cloud différents : Le public cloud d’une part, caractérisé par d’immenses centres de données gérés par des multinationales telles qu’Amazon ou Google. Dans ce type de cloud, un grand nombre d’utilisateurs partagent les mêmes composants tels que les serveurs ou les bases de données. D’autre part, le private cloud, qui est basé sur les mêmes technologies et concepts, mais qui est toujours offert à un client spécifique. Cela signifie qu’un client possède toujours son propre serveur virtuel et ne le partage pas avec des tiers. Ce type de private cloud peut être exploité dans un centre de données suisse sélectionné ainsi que sur l’infrastructure interne d’une entreprise. Ces deux dernières options conviennent parfaitement à une fiduciaire. Avec un private cloud, un niveau élevé de protection et de sécurité des données peut être garanti.

Et la prochaine fois : les plates-formes dévorent le monde

La deuxième partie est consacrée aux plateformes en ligne, telles que celles que nous connaissons des multinationales que sont Apple, Facebook ou Airbnb. L’accent est mis sur la question de savoir lesquelles de ces plateformes sont pertinentes pour vous en tant que fiduciaire, quelles sont les opportunités et les risques qu’elles comportent et quelles stratégies sont envisageables pour vous. La troisième partie de cette série vous aidera à comprendre par où et comment commencer votre processus de numérisation ou comment le développer.